Tableau de l'artiste Claude KARLEN
En février 1943, Jean Moulin retourne à Londres en compagnie du général Delestraint, chef de l’Armée secrète.
Après une tentative manquée en raison des mauvaises conditions météorologiques, ils reviennent avec Christian Pineau dans la nuit du 19 au 20 mars 1943.
Un terrain a été reconnu quelque temps auparavant, le long de la Loire, à Melay, au lieu-dit l’île de Bagneaux, par deux patriotes des « Mouvements Unis de la Résistance » : Noël Robin d’Iguerande et Henri Girard de Charlieu. Pierre Delaye propose ce terrain à Londres qui l’homologue.
Pierre Delaye sait qu’il peut compter sur ces deux patriotes discrets, prudents et efficaces ; il a aussi une grande confiance en son frère Jean et en Henri Morier qui forment avec lui une équipe particulièrement entraînée pour ce type d’opération et qui sont là, sur l’île de Bagneaux en cette nuit de lune du 19 Mars 1943. Claude Commerçon est là aussi, avec sa « Citroën ». Et puis, depuis la tombée de la nuit (à 20 h. 44 très précisément), un pilote du 161e squadron R.A.F., aux commandes de son « Lysander », a quitté la base de Tangmere, au Sud-Ouest de Londres, et navigue au-dessus de la France, à la seule clarté de la lune, évitant au mieux les batteries antiaériennes et la chasse de nuit allemande.
Ses principaux repères au sol sont les plans d’eau où se réfléchit cette lune. Le Capitaine Bridger apercevra tout à l’heure, le long du ruban brillant de la Loire, les trois feux en L qui lui indiqueront que ses amis de la Résistance sont là pour le guider et l’accueillir. Après avoir déposé ses illustres passagers, il repartira immédiatement vers l’Angleterre avec, à son bord, un agent dont nous n’avons pu, jusque là, retrouver l’identité.
Claude Commerçon emmènera alors tout son monde (ils sont sept « entassés » dans la traction !), chez lui à Marcigny pour le reste de la nuit, avant le départ, par car, vers Mâcon le lendemain.
Cet atterrissage est longtemps resté dans l’ombre jusqu’à ce que Pierre Dru, maire de Melay, le dévoile en 1988. Dans la nuit du 19 au 20 mars 1943, Pierre Dru était dans une ferme isolée au hameau des Gallands, où il jouait aux cartes avec deux autres jeunes du village, Laurent Pacaud et René Ferrier. Dans la soirée, ils ont entendu le ronflement d’un moteur et, sidérés, ils ont assisté à l’atterrissage.
Une personne d’une commune voisine ayant également assisté à cet atterrissage a cru bon de prévenir la gendarmerie. Tous les hommes du village ont alors été réquisitionnés pour faire des tranchées dans le terrain alluvial afin d’empêcher tout nouvel atterrissage. Les habitants des alentours ont été interrogés, mais personne n’a parlé et aucun d’ailleurs ne savait ce qui s’était passé.
Le monument inauguré en 1988
A la fin des années 1980, Pierre Dru, passionné d’histoire locale et très impliqué par les faits auxquels il avait assisté en 1943, a eu la chance d’être mis en relation avec Christian Pineau et Henri Morier, organisateur au sol de l’atterrissage. Ces deux protagonistes ont confirmé les faits.
Pour conserver la mémoire de cet évènement historique d’importance, il a alors créé l’Association Commémorative de l’Atterrissage d’un Lysander à Melay (ACALM) qui, avec la municipalité de l’époque, a décidé d’ériger un monument commémoratif sur l’île de Bagneaux où l’atterrissage a eu lieu.
Ce monument fut inauguré en 1988, devant près de 3 000 personnes et en présence d’Alain Poher, ancien Président du Sénat, André Méric, alors Secrétaire d’Etat aux anciens combattants, de Compagnons de la libération, Christian Pineau et Henri Morier.
Chaque 20 mars, la municipalité et l’ACALM organisent une cérémonie importante en associant la jeunesse à travers des expositions et des conférences. Trois spectacles de théâtre ont également été réalisés : le premier avec le collège Jean Moulin de Marcigny sous le titre « C’est Jean Moulin qui a gagné » ; le deuxième intitulé « Un retour pour la France », par Gilles Champion du Théâtre Parts Cœur, a permis de découvrir l’opérateur radio Pierre Delaye, l’un des organisateurs de cet atterrissage ; le troisième créé par la Compagnie Les Farfadets « Jean Moulin et la Résistance à Melay » a fait l'objet de dix représentations pour le 75ème anniversaire.
Souvenirs de quelques cérémonies de commémoration :
Titine
Des élèves du collège Jean Moulin de Montceau-les-Mines, au sein de l'association « une traction pour Jean Moulin », ont œuvré plus de 10 ans pour restaurer une Traction Citroën 11B de 1940 pour en faire un mémorial roulant en l’honneur de Jean Moulin et de la Résistance dans son ensemble.
Ce mémorial roulant est connu sous le nom de « Titine ».Quelques souvenirs de la présence de Titine aux commémorations :